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Le traitement des troubles anxieux chez l’enfant : comment ça se passe ?


Votre enfant présente des inquiétudes excessives et vous ne savez plus comment les gérer ? A tel point qu’elles ont de lourdes répercussions sur votre vie familiale et vos activités ? Vous hésitez à prendre conseil auprès d’un professionnel ?


Ce bref article a pour objectif de vous présenter en quoi consiste une thérapie cognitive et comportementale des troubles anxieux chez l’enfant.


L’anxiété excessive survient chez environ 10% de la population pédiatrique dans les pays occidentaux (McKay & Storch, 2011). Elle est une des raisons de consultations psychologiques les plus souvent rencontrées et revêt plusieurs formes : phobies, anxiété sociale, anxiété généralisée, angoisse de séparation, etc.

Le postulat de base pour expliquer son origine repose dans la majorité des cas sur un phénomène d’apprentissage : après une expérience négative vécue directement ou indirectement, l’enfant va développer des conduites pathologiques, principalement des évitements et des stratégies de réassurance, qui vont l’empêcher de revivre des situations qui lui ont fait peur initialement.

En conséquence, l’anxiété se maintiendra, car le jeune n’arrivera pas à se rendre compte que ce qui le rend anxieux n’a objectivement aucune raison de l’être.


Après avoir dans un premier temps posé un diagnostic et retracé l’histoire du développement du trouble anxieux, la thérapie cognitive et comportementale (TCC) consistera à mettre en lumière les contextes de son apparition et ce qui le maintient. Ensuite, au cours des séances, l’enfant va apprendre à mettre progressivement en place les comportements adaptés que le thérapeute lui aura proposés et ce, dans différents lieux et à divers moments stratégiques.

Pour chaque situation anxiogène, le thérapeute travaillera avec le jeune sur trois dimensions interdépendantes (Silverman & Field, 2011) :


- les émotions et les sensations : Quelles émotions l’enfant ressent-il ? Comment se manifestent-elles dans son corps ? Nommer correctement et comprendre une émotion (d’où elle vient, pourquoi, …) participe déjà à sa gestion. Un apprentissage à ce sujet lui sera ainsi proposé en amont. En effet, la peur est normale et utile. Le problème survient lorsque cette émotion est récurrente, voire chronique et paralysante dans la vie quotidienne.


- Les pensées : Que se dit l’enfant lors des situations ? Les pensées dans les troubles anxieux sont dysfonctionnelles (Bögels & Zigterman, 2000) et augmentent l’intensité des émotions négatives. L’enfant, dans un contexte donné, va imaginer un ou plusieurs scénarios catastrophiques, généralement considérés comme la seule façon de penser, et qu’il sera nécessaire de mettre en évidence. Le thérapeute va ainsi avoir pour objectif d’assouplir ces cognitions en lui apprenant à élaborer des pensées alternatives.


- Les comportements : Que fait l’enfant pour se réassurer ? Pour quelle efficacité ? Le maintien d’un trouble anxieux est lié au développement de stratégies d’évitement et aux aspects positifs que cela procure. L’enfant, ne confrontant pas par anticipation les situations qui lui font peur, va continuer d’agir de la sorte sans tester l’hypothèse qu’aucun danger n’est présent dans son environnement pour lui ou pour ses proches. En évitant les émotions négatives, ces comportements s’en trouvent alors renforcés. Le thérapeute, en concertation avec l’enfant et ses parents, va hiérarchiser de manière méthodique et rigoureuse les situations qui provoquent l’anxiété en fonction de leur intensité, allant de la plus faible à la plus forte pour qu’au final l’enfant s'expose à celles-ci.

Éventuellement, elles pourront être expérimentées au préalable par imagination en séance. Cette technique favorisera ce que les psychologues appellent l’« habituation » : la répétition de ces expériences aura pour effet de diminuer l’anxiété, l’enfant mettant à l’épreuve ses appréhensions et ses pensées dysfonctionnelles qui s’avèrent ne pas correspondre à la réalité.

Parallèlement, le thérapeute pourra, si cela se révèle nécessaire, renforcer d’autres domaines chez l’enfant comme l’estime de soi, la motivation au changement, les habiletés sociales et l’affirmation de soi. De même que souvent, sans le savoir et cela est bien normal, l’entourage participe au renforcement du trouble. Le travail thérapeutique se fera en collaboration avec les parents et éventuellement au besoin avec l’équipe pédagogique de son école. Il importe en effet de s’assurer que tous comprennent les mécanismes d’apparition et de maintien du trouble anxieux et le principe des expositions graduées aux situations.


En guise de conclusion, le traitement de l’anxiété par les thérapies cognitives et comportementales (TCC) a fait l’objet de nombreuses études qui ont permis de la valider scientifiquement et de la proposer en guise de première intention de prise en charge.

Ces études montrent enfin une absence de rechute après plusieurs années. Autrement dit, les enfants ayant suivi une thérapie continuent à mettre en place les techniques apprises jusqu’à l’âge adulte et à les généraliser à toutes sortes de situations.


Robin Bastien

Psychologue à orientation cognitive et comportementale

0498/49.04.11


Si vous avez des questions ou besoin d'aide, n'hésitez pas à contacter le cabinet La clé de la réussite



Références

In-Albon, T., & Schneider, S. (2007). Psychotherapy of childhood anxiety disorders: A meta-analysis. Psychotherapy and psychosomatics, 76(1), 15-24.

Bögels, S. M., & Zigterman, D. (2000). Dysfunctional cognitions in children with social phobia, separation anxiety disorder, and generalized anxiety disorder. Journal of Abnormal Child Psychology, 28(2), 205-211.

McKay, D., & Storch, E. A. (Eds.). (2011). Handbook of child and adolescent anxiety disorders. Springer Science & Business Media.

Silverman, W. K., & Field, A. P. (Eds.). (2011). Anxiety disorders in children and adolescents. Cambridge University Press.

Pour une lecture en français destinée au parents

Baron, C. (2001). Les troubles anxieux expliqués aux parents. Éditions de l'Hôpital Sainte-Justine.


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