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Photo du rédacteurValérie Raulier

L'outil numérique comme indication de compensation… Quand, à qui et pourquoi le proposer?



L’ordinateur ou la tablette peuvent être de formidables moyens de compensation pour les enfants qui ont des troubles d’apprentissage. Il n’est pas là pour avantager l’enfant, mais réellement pour pallier une difficulté. Comme une paire de lunettes compense une myopie ! Mais pour qui ? Quand et pourquoi ?

Lorsqu’un professionnel suggère l’utilisation d’un outil numérique pour votre enfant, plusieurs questions et réflexions se posent. Voyons comment répondre à toutes vos inquiétudes.


1. L’outil numérique, sous quelles conditions ?


1.1. Pour qui ?


L’enfant dyspraxique ou dysgraphique est freiné par le manque d’automatisation et d’acquisition du geste et de l’écriture (tout comme les enfants dyslexiques impacté par les troubles du langage écrit). En utilisant un outil numérique, ces enfants ne rencontrent plus les difficultés liées à la double tâche : l’enfant dysgraphique n’a plus à se concentrer sur ses graphies, l’élève dysorthographique n’a plus à se focaliser sur la manière dont le mot doit être écrit, l’enfant dyspraxique n’a plus à se préoccuper de la bonne tenue de son outil scripteur, l’enfant dyslexique n’a plus à concentrer toute son attention sur la lecture du texte grâce à la synthèse vocale… Grâce au support informatique, l’élève peut enfin exploiter ses compétences réelles et garantir son autonomie.


1.2. Quand penser à mettre en place l’outil numérique chez l’enfant


Ce n’est pas la première compensation à mettre en place.

Un jour, les premières aides données ne suffisent plus. Cela peut être dû à l’importance du trouble en question ou à l’augmentation des quantités de matières scolaires. Également, en grandissant, les enfants désirent prendre de l’autonomie ; ce que l’outil numérique peut favoriser.

Une mise en place de l’outil numérique est réellement efficace uniquement si elle est correctement préparée et si elle fait l’objet d’un suivi auprès d’un spécialiste comme l’ergothérapeute. Lorsque le rythme de la prise de notes s’accélère en classe, l’enfant qui rencontre des difficultés d’apprentissage risque de perdre de nombreuses informations et de se retrouver en difficulté.


Voici une liste, non exhaustive, des indicateurs :

- Dyspraxie

- Dysgraphie

- Troubles du langage : dyslexie, dysorthographie…

- Trouble de l’attention dont les exercices en double tâche ampute le réservoir attentionnel

- Risque de décrochage scolaire à la suite des troubles dys

- Sous conseil thérapeutique

- Difficultés d’écriture importantes : graphisme coûteux, vitesse d’écriture ne suit pas les besoins, qualité d’écriture faible…

- La lenteur, les difficultés d’écriture/lecture… deviennent un handicap

- Fatigue importante,...


Le but principal est donc de pallier certaines difficultés inhérentes aux enfants dys en leur permettant d’accéder aux apprentissages.

L’outil numérique devient un vrai tremplin vers une autonomie et garanti l’accès aux apprentissages. Sa mise en place comme moyen de compensation est avant tout préconisé par un spécialiste afin de répondre à un besoin réel via, par exemple, un bilan en ergothérapie.


1.3. Le cadre légal


Selon le décret[1] relatif à l’accueil, à l’accompagnement et au maintien dans l’enseignement ordinaire fondamental et secondaire des élèves présentant des besoins spécifiques, il est stipulé ce qui suit : « tout élève de l’enseignement ordinaire, fondamentale et secondaire, qui présente des « besoin(s) spécifique(s) » est en droit de bénéficier d’aménagements raisonnables matériels, organisationnels ou pédagogiques appropriés, pour autant que sa situation ne rende pas indispensable une prise en charge par l’enseignement spécialisé ».


Disposer d’un outil numérique est inclus dans les aménagements raisonnables dits « matériels ». La fédération Wallonie-Bruxelles rappelle que cet aménagement au service des enfants « dys » permet de compenser leurs troubles d’apprentissage. Ces aides n’avantagent pas les élèves, mais contribuent à les mettre à niveau.



2. L’outil numérique au service des apprentissages

2.1. Quel outil numérique choisir : ordinateur ou tablette ?


Il est important de choisir un appareil qui répond au mieux aux besoins de votre enfant. Pour cela, le spécialiste réalisera d’abord une analyse de besoins. Le choix du matériel dépend donc de différents facteurs :

- Les besoins de l’enfant

- Les difficultés de l’enfant

- Le budget


Tablette

· Conviviale et ludique

· Légère

· Facile à transporter

· Fonction scan intégrée via l’appareil photo

· Seule la marque Apple – IPAD dispose d’un accès aux logiciels et applications utiles. Android ne le permet pas

· Fragile

· Nécessite un clavier externe et un adaptateur pour clé USB (manque de connectique)

· Fonctions orthographiques peu poussées pour les enfants avec troubles du langage



Ordinateur

· Plus complet

· Permet l’accès à certains logiciels spécialisés dans l’aide à l’écriture et à la lecture

· Port USB inclus

· Nécessite un scan et une souris externes



Veiller à avoir une batterie efficace, une multi prise et installer l’enfant près d’une prise.



2.2. Les fonctions d’aide


Les logiciels sur outil numérique remplissent certaines fonctions d’aide aux troubles d’apprentissages, comme :

- Les fonctions d’aide à l’organisation

- Les fonctions d’aide à la lecture

- Les fonctions d’aide à l’écriture

- Les fonctions d’aide à la manipulation des outils scolaire (latte, compas, ciseaux…)

- Les fonctions d’aide aux mathématiques




2.3. Les compensations permises par l’outil numérique


A) Pour compenser la lecture

Dans les troubles d’apprentissage tels que la dyslexie, la dyspraxie ou encore le trouble déficitaire de l’attention, la sphère de lecture est un domaine impacté.

Outre les autres aménagements raisonnables, importants à mettre en place au préalable, comme : la lecture par un tiers, la règle de lecture, les lignes colorées, la mise en page aérée,… L’outil numérique devient un outil supplémentaire.


La compensation de la lecture peut être permise grâce à :

- La synthèse vocale

- La lecture immersive

- À l’option « coupe-mot » afin de permettre une mise en forme permettant de faciliter la lecture


B) Pour compenser l’écriture et l’orthographe


Dans les troubles d’apprentissage tels que la dysgraphie ou la dyspraxie, la reconnaissance vocale permet de suppléer à l’écriture manuelle. Différents outils permettent une production écrite lisible, utilisables pour apprendre, et dont l’enfant aura plaisir à transmettre.

Les enfants dyslexiques ou dysorthographiques peuvent trouver une aide dans les outils numériques via les correcteurs orthographiques (par exemple).


C) Pour compenser une difficulté organisationnelle


Les enfants « dys » rencontrent des difficultés pour s’organiser et pour structurer leurs pensées. Certains outils disponibles sur outil numérique, comme les cartes mentales, permettent d’obtenir une image de la structure d’un concept et des idées qui lui sont associées. D’autres applications permettent d’aider votre enfant à se repérer dans le temps et de prendre conscience du temps qui défile ou qui leur reste de disponible pour réaliser un exercice.


3. Quelques points de vigilance


L’outil numérique est pensé pour pallier les difficultés d’apprentissage qui mettent les enfants en difficulté. Il serait donc insensé d’envoyer l’enfant à l’école avec un outil qu’il ne maîtrise pas, tant au niveau du clavier qu’au niveau des logiciels adaptés. Cet apprentissage doit se faire dans des conditions spécifiques, accompagné par un ergothérapeute. La frappe au clavier doit être automatisée, sinon nous recréons une situation de double tâche semblable à celle de l’écriture. Tout un travail en amont est donc indispensable!

L’outil numérique sera bénéfique à votre enfant uniquement si ce n’est pas pour lui une difficulté supplémentaire.

Il est fréquent de l’enfant rencontre une perte de motivation et de persévérance dans la phase d’apprentissage, surtout s’ils sont jeunes. C’est à nous, parents et spécialistes, à les encourager et à les soutenir tout au long de leur parcours.

Dans certains cas, une aide financière dans l’achat de l’outil peut être accordée par l’AVIQ (région wallonne) ou le PHARE (région bruxelloise). Le plus simple est de s’adresser directement à votre ergothérapeute ou au bureau de votre région qui vous aidera dans les démarches à suivre.


3.1. Les obstacles sur le chemin de l’acceptation en classe


Le projet de l’outil numérique est à penser et à choisir avec vos enfants. Certains ont du mal à l’accepter ou le refusent directement par peur d’être stigmatisés. Au fur et à mesure, l’enfant l’acceptera quand il aura conscience que ses bénéfices seront supérieurs à la peur de la différence. En choisissant l’outil approprié, vos enfants pourront mieux apprendre, mieux réussir et ainsi préserver leur estime de soi !

Afin que l’acceptation de l’outil se déroule au mieux, il est essentiel d’écouter votre enfant. Désire-t-il que son logopède/ergothérapeute/membre du PMS ou un autre intervenant vienne expliquer en classe la raison de l’introduction de l’outil numérique ? Ou préfère t’il l’expliquer lui-même à sa classe ? Il est indispensable d’avoir l’accord de la direction et de lui expliquer l’intérêt de l’outil numérique en classe pour votre enfant. Être accompagné par le thérapeute qui suit votre enfant est un plus indéniable.


3.2. L’outil numérique n’est pas la seule voie d’adaptation


Il est essentiel de garder en tête que même si l’outil numérique est utile pour un enfant à profil « dys », qu’il l’est nécessairement pour votre enfant. Ce n’est pas la solution miracle. La priorité reste de limiter les écrits. Il ne s’agit pas de ne plus utiliser le crayon, mais d’offrir différentes stratégies d’écrits : utiliser le stylo pour dessiner, écrire à petites doses, utiliser l’outil numérique pour écrire plus rapidement, utiliser les logiciels de géométrie quand la manipulation des outils scolaires est difficile, évaluer l’enfant oralement…

Il est indispensable de bénéficier de la collaboration de chacun des intervenants gravitant autour de l’enfant afin que cette adaptation se déroule du mieux possible. Cela demande beaucoup de travail et d’investissement de la part de l’enfant pour le maîtriser. Ce choix doit être motivé et accompagné par un spécialiste, ce n’est pas forcément la réponse à tous les maux.

Attention, l’outil numérique ne résout pas tous les problèmes. Il est nécessaire de mettre en place d’autres aménagements au préalable ou en complémentarité de celui-ci, comme : adaptation de la mise en page des documents, la possibilité d’être interrogé oralement, bénéficier d’un temps supplémentaire, la tolérance,…

[1] Circulaire 6831 : mise en œuvre des aménagements raisonnables permettant l’accueil, l’accompagnement et le maintien dans l’enseignement ordinaire, fondamental et secondaire des élèves présentant des besoins spécifiques.


Besoin d'aide? N'hésitez pas à contacter le cabinet La clé de la réussite!


Virginie Depont

Ergothérapeute

0491/74.66.86




Sources

https://www.apeda.be/quel-outil-numerique-choisir/

https://www.mindomo.com/fr/mindmap/outils-numeriques-pour-compenser-les-difficultes-et-troubles-en-lecture-ecriture-281118-f2e3892fb7be01ebe509599d85f48dac https://www.delicedapprendre.fr/outils-numeriques-pour-les-dys/



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