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Photo du rédacteurValérie Raulier

Les écrans, outils néfastes ou supports bénéfiques pour les jeunes ?


Si les outils numériques font désormais partie intégrante de notre quotidien, ils n’en restent pas moins décriés. Mais quels sont réellement les tenants et aboutissants liés à cette question des écrans ?

Pour le savoir, nous aborderons, dans cet article, les conséquences néfastes imputées aux écrans. Un deuxième article sera rédigé prochainement, il abordera les aspects positifs pouvant résulter de l’utilisation des outils numériques. Enfin, un troisième, et dernier, article sera rédigé afin de vous indiquer quelques pistes à suivre pour une utilisation optimale de ces outils.

Sans plus tarder, intéressons-nous maintenant au thème qui sera le fil rouge de ce premier article : les aspects négatifs liés à l’utilisation des outils numériques.

1. L’impact sur les apprentissages.

Tout d’abord, il est important de savoir que de nombreux auteurs¹ ont démontré que les écrans « privent les enfants des apprentissages cognitifs relationnels essentiels ». Certaines études décrivent même des troubles de l’attention ainsi que des troubles « d’allure » autistique consécutifs à une exposition excessive des jeunes enfants aux écrans. Tous ces éléments ont été regroupés sous un syndrome nommé EPEE ² (syndrome d’exposition précoce et excessive aux écrans).

Sans surprise, un lien clair a été établi entre l’utilisation abusive d’outils numériques et des difficultés scolaires. En 2016, Philippe Bihouix et Karine Mauvilly, tous deux très engagés dans l’étude des impacts du numérique ont, dans le cadre de leur livre « Le désastre de l’école numérique », interrogé Grosperrin (sénateur du Doubs) qui leur a déclaré que : « Pour nous qui avons appris de façon classique, les tablettes sont un apport exceptionnel qui souvent nous facilite la vie. Mais pour des enfants en cours d’apprentissage, c’est un piège qui enlève du temps à la pratique de l’oral et de l’écrit. ». A travers cette citation, il est aisé de comprendre les conséquences que peuvent avoir les écrans sur le langage oral, le langage écrit et la communication en général.

Cette vision est d’ailleurs défendue également dans le livre « L’enfant et les écrans, un avis de l’académie des sciences », rédigé par Jean-François Bach (médecin biologiste et immunologiste), Olivier Houdé (professeur de psychologie travaillant dans le domaine des neurosciences), Pierre Léna (délégué de l’éducation et la formation à l’académie des sciences) et Serge Tisseron (docteur en psychologie dirigeant les recherches de l’académie des technologies). Cet ouvrage permet également d’apporter une nuance en précisant bien que les outils numériques ne sont pas intrinsèquement néfastes, c’est la mauvaise utilisation ou l’utilisation abusive qui l’est !

2. L’impact sur la santé.

En plus des apprentissages, les outils numériques sont susceptibles d’impacter le développement physique des enfants. Une corrélation a donc pu être établie entre l’utilisation d’écrans et l’obésité. Pour illustrer cela, une étude³ montre qu’un enfant de deux ans et demi passant une heure par jour devant la télévision, aura un niveau d’activité physique diminué de 9% à l’âge de 10 ans.

Les écrans ont également un impact non négligeable sur la vue. Bihouix et Mauvilly, que nous avons déjà cités plus haut, réalisent une liste de facteurs liés aux écrans, pouvant impacter la vue. Parmi ceux-ci, nous retrouvons la distance par rapport à l’écran, la taille de la télévision, le temps passé devant l’écran et à l’extérieur, … Ces facteurs peuvent influencer, de façon importante, l’apparition de la myopie.

Enfin, notons également une incidence négative des outils numériques sur le sommeil et la concentration. En effet, si les écrans peuvent s’avérer chronophages et donc, priver l’enfant d’un certain temps de sommeil dont il a besoin, ce n’est pas tout ! La lumière bleue émise par les écrans dérègle l’émission de sérotonine (hormone du sommeil) et stimule l’éveil. La qualité et la quantité de sommeil s’en trouvent donc amoindries

3. L’impact sur le développement neuronal et émotionnel.

Pour que le cerveau d’un enfant se développe correctement, les relations empathiques, soutenantes et aimantes sont primordiales. De ce fait, si les écrans entraînent une baisse de la qualité et de la quantité de sommeil et des interactions entre l’enfant et son environnement, c’est toute sa sphère socio-affective qui sera vouée à s’appauvrir, ce qui influencera donc négativement le développement du cerveau dit « émotionnel » et des compétences émotionnelles sous-jacentes.

Cette mauvaise maturation du cerveau émotionnel aura pour conséquence une mauvaise gestion des émotions, pouvant se vérifier par de grosses colères en cas de frustrations, des peurs et des angoisses étranges ainsi que des périodes de tristesse profonde et une confiance en soi diminuée.

De plus, comme l’explique le professeur Lledo (directeur du département des neurosciences à l’institut Pasteur), il existe, durant la période de développement du cerveau, des périodes « critiques » durant lesquelles le « câblage nerveux » se construit. Ces périodes permettent au cerveau de se former correctement pour arriver à sa forme la plus aboutie. Ce développement passe essentiellement par l’expérience sensorielle ! Autrement dit, l’interaction de l’enfant avec son environnement est primordiale et doit impérativement passer par une exploration visuelle la plus large possible. Restreindre régulièrement la vision de l’enfant à un simple écran peut donc être néfaste pour son développement neuronal.

Vous l’aurez donc compris, les outils numériques, lorsqu’ils sont mal utilisés, sont susceptibles d’engendrer de nombreux problèmes chez les enfants. Dans la grande majorité des cas, cela aura un impact négatif sur le développement des aptitudes scolaires : langage oral, langage écrit, cognition mathématique, etc.

Si certaines de ces difficultés concernent votre enfant, n’hésitez pas à prendre contact avec le cabinet « La clé de la réussite ».

Delfante Pierre.

Logopède

0484/892.600

Sources :

- Bach JF, Houdé O, Léna P et Tisseron S (2015). L’enfant et les écrans, una vis de l’académie des sciences. Paris, France, Education le pommier.

- Bihouix P & Mauvily K (2016). Le désastre de l’école numérique, plaidoyer pour une école sans écrans. Paris, France, seuil.

- Duflo, S (2018). Quand les écrans deviennent neurotoxiques, protégeons le cerveau de nos enfants. France, Marabout.

- - Harlé B & Desmurget M (2012). Effet de l’exposition chronique aux écrans sur le développement cognitif de l’enfant.

- ¹´³ Tisseron, S (2013). Apprivoiser les écrans et grandir. Toulouse, France, Erès.

- ² Marcelli. D, Bossière. MC & Ducanda, AL. (2018). Plaidoyer pour un nouveau syndrome "Exposition précoce et excessive aux écrans (EPEE).". En ligne https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2018-3-page-142.htm

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